Fortifications de Strasbourg — Kriegstor II — Porte de guerre n° 2 Focus sur... La caponnière cuirassée du bastion 15

Caponnière cuirassée en regard du cavalier XV
A l’issue du conflit de 1870-71, l’Allemagne devra protéger ses nouvelles acquisitions tant en Alsace qu’en Moselle. C’est ainsi que les villes de Strasbourg, Metz et Thionville seront puissamment fortifiées.
À Strasbourg, les travaux consistent en la construction, dès 1872, d’une ligne de forts détachés qui devaient protéger la ville d’un éventuel bombardement. Ce n’est que dans un second temps, en 1876, que la construction d’une seconde enceinte est engagée et réalise l’enceinte urbaine (trad. Kernumwallung). Si sa construction entraîne le démantèlement complet des fortifications de Vauban, l’antique tracé bastionné, complètement obsolète, est abandonné au profit du tracé polygonal.

Caponnière cuirassée en regard du cavalier XV
Caponnière cuirassée en regard du cavalier XV (état 2010)

Les progrès de l'artillerie ne permettent cependant plus l’utilisation des anciennes caponnières (au XIXe, cela correspond à ouvrage, le plus souvent situé du côté de l’escarpe, servant à couvrir un fossé) car trop exposées aux feux d'artillerie devenus plus efficaces. Les caponnières cuirassées de Strasbourg en sont probablement l’ultime avatar puisque ce système sera complètement abandonné à la fin du XIXe.
Situation de la caponnière sur la pointe du cavalier
Caponnière cuirassée (Strasbourg)Ces caponnières cuirassées — dénomination allemande, eiserne Grabenwehr —, dont il subsiste trois exemplaires à Strasbourg, sont tout à fait exceptionnelles et méritent quelque attention. Pour assurer leur protection réciproque, croisement des feux au ras du fossé en eau, les caponnières étaient disposées à la pointe de chaque bastion de numéro impair. Pour leur réalisation, les Allemands firent appel à la société anglaise Cammell (Sheffield) fort réputée à l’époque pour la qualité de ses cuirassements en fer laminé.
La caponnière cuirassée repose sur un massif bétonné revêtu de plaques de granit. Le piédroit, d’une hauteur de 1,90 m, est composé de plaques de 2,60 à 3,10 m. de long et d’une épaisseur de 12 cm. Ces plaques, droites sur les flancs et arquées dans la partie frontale, sont assemblées en quinconce à l’aide d’énormes boulons. Elles sont séparées les unes des autres par une couche de 8 cm de bitume mélangé à de la limaille de fer.
Plaques de blindage - vue extérieure
Ces caponnières cuirassées, dont il subsiste trois exemplaires à Strasbourg, sont tout à fait exceptionnelles et méritent quelque attention. Pour assurer leur protection réciproque, croisement des feux au ras du fossé en eau, les caponnières étaient disposées à la pointe de chaque bastion de numéro impair. Pour leur réalisation, les Allemands firent appel à la société anglaise Cammell (Sheffield) fort réputée à l’époque pour la qualité de ses cuirassements en fer laminé.
Vue de l'intérieur… les impressionnants boulons !
La caponnière cuirassée repose sur un massif bétonné et se trouve entourée sur toutes ses faces de plaques de granit. Le piédroit, d’une hauteur de 1,90 m, est composé de plaques de 2,60 à 3,10 m. de long et d’une épaisseur de 12 cm. Ces plaques, droites sur les flancs et arquées dans la partie frontale, sont assemblées en quinconce à l’aide d’énormes boulons. Elles sont séparées les unes des autres par une couche de 8 cm de bitume mélangé à de la limaille de fer.
La couverture est réalisée par deux plaques de 5 cm d’épaisseur parfaitement ajustée entre elles.

La caponnière abrite 4 pièces d’artillerie tirant à travers des embrasures aménagées dans les flancs et permet des feux d’infanterie par l’intermédiaire de 4 créneaux disposés au niveau de la partie frontale de la caponnière.
Les caponnières cuirassées étaient armées de pièces de 4 livres (anciens tubes de l'artillerie de campagne d'un calibre de 8 cm) dont la dénomination officielle (abrégée) était la suivante : gezog. Gussstahl 4 pfdr. Le suffixe C/64 pour "Construction / 1864" ne sera introduit qu'après l'adoption d'autres pièces et, à partir de 1871, cette même pièce prend la dénomination de "8 cm Stahlkanone C/64“. Cette pièce sera remplacée ou complétée trois ans après par le modèle C/67 4-Pfunder-Feldkanone C/67. Ces deux pièces, une fois écartées du service de campagne, seront affectées à l'artillerie à pied dans les fortifications et disposées sur un affût adapté ("Kasematten-Rahmenlafette C/73").

L’accès à la caponnière se fait en ligne droite par l’intermédiaire d’un couloir rectiligne débutant au niveau de la caserne du bastion correspondant (ici le bastion 15 surmonté d’un imposant cavalier).

Gorge du cavalier 15 dans l'axe de l'accès à la caponnière cuirassée

Dans sa dernière partie, cette poterne passe sous une voûte métallique monobloc de 25 cm d’épaisseur de 5 m de long et reposant sur deux madriers de bois de teck.




L'intérieur… Vues de détail.


Le souci du détail !

Pour contrer les méfaits de la rouille, chaque tête de vis est protégée par une petite calotte de plomb.




Valeur militaire ?

Si le premier inconvénient de ce dispositif est certainement son prix de revient très élevé, il ne faut gère se bercer d’illusions quant à son efficacité militaire.
En effet, outre les rapides progrès de l’artillerie et de ses projectiles qui la rendront rapidement et irrémédiablement obsolète, il est douteux qu’un feu soutenu ait été possible ne serait-ce qu’en raison d’une aération juste suffisante et des traumatismes sonores engendrés par les tirs des pièces d’artillerie.

Conclusion

Ces curiosités architecturales sont uniques en Europe et, à ce titre, elles méritent non seulement notre attention mais également celle des pouvoirs publics qui, lorsqu’il s’agit du secteur de la gare TGV de Strasbourg, se positionnent singulièrement en retrait.

Etat mai 2015 : les méfaits du temps et des hommes font inexorablement leur œuvre !




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