Réflexions à propos de blockhaus MOM & leur camouflage

Peu ou prou, près de 80 ans séparent maintenant le moment de la construction de la ligne Maginot et ses quelques avatars — en particulier, les blockhaus construits par la Main d'Oeuvre Militaire (M.O.M.) dans les années 30 — et, inéluctablement, malgré tous les efforts consentis, le temps fait son œuvre.

De nombreuses publications, parfois excellentes, ont vu le jour et de nombreux ouvrages font l'objet d'une valorisation par des associations . Pourtant  il reste un champ qui a été particulièrement négligé : celui du camouflage des ouvrages, casemates et blockhaus.

Si dans une moindre mesure, les techniques de camouflage utilisées dans les gros ouvrages sont plus ou moins — plutôt moins — documentées, le cas des casemates et blockhaus de petite taille n'est pas ou très rarement traité. C'est tout particulièrement le cas de ces ouvrages de pacotille, souvent issus des travaux de la Main-d’Œuvre Militaire (MOM), que l'on trouve encore en grand nombre le long de nos frontières.

Spontanément, on retient la notion d'un ouvrage dont le béton serait toujours resté à l'état brut. Les témoignages photographiques de l'époque et les vestiges actuels, nous confortent aisément dans cette opinion (blockhaus de berge du canal du Rhône au Rhin, secteur de Baltzenheim - état 2006)…

 



Si le béton est resté nu, le camouflage de ce blockhaus antichars utilise une combinaison d'amas de terre, de rondins et de filets de camouflage (Cappel — Album photographique du AOK 1 Koluft. Coll. de l'auteur)

Souvent l'état est sensiblement plus délabré à l'exemple de ce cliché des années 1970 illustrant un de ces "petits bétons" au sud du fort Hoche (Strasbourg). S"agissant de camouflage, les analyses se révèleront là encore, hier et plus encore aujourd'hui car il a probablement disparu, souvent peu fructueuses.


Pourtant, on ne peut considérer qu'il s'agit là d'une règle absolue et un examen attentif montre ces blockhaus se présentaient sous un aspect sensiblement plus coloré !

Il faut se rendre à l'évidence, dans ce domaine plus que d'autres, les vicissitudes du temps ont été particulièrement peu clémentes. Les peintures, souvent d'une piètre qualité, ont été lavées par les intempéries et les autres dispositifs de camouflage qui relèvent presque toujours de l'éphémère ont, depuis longtemps, disparu.


L'analyse de clichés en couleurs plus anciens — ici, à titre d'exemple, un clichés pris par mes soins dans les années soixante-dix — se révèle particulièrement intéressant mais ces témoignages, pourtant précieux, restent au demeurant trop rares. Il est pourtant probable que les boîtes à archives des amateurs de l'époque recèlent nombre de pépites.



Blockhaus MOM Kuehnensand nord (SFBR, Strasboutg, cliché Balliet J.M. vers 1975-76)
Ce blockhaus existe encore aujourd'hui mais, 40 années se sont écoulées et les couleurs actuelles apparaissent aujourd'hui sous un jour bien différent.

Reste l'examen attentif des vestiges actuels… Il se révèle parfois aussi étonnant que fructueux. La preuve en images !


Coupole triple type 7e Région (Kastenwald, secteur de Neuf-Brisach)
Blockhaus de berge couvrant une écluse sur le canal du Rhône au Rhin (secteur du fort Uhrich). État juin 2016.

Détails des restes de peintures de camouflage. État juin 2016.

J.M. Balliet - Juin 2016

––––– Complément du 13 juin 2016 : Quelques clichés d'époque ––––

Casemate MOM Rte de Russ-Hersbach, vallée de la Bruche [Alsace, 1940]. Armée d'un canon antichar de 47 mm Mle 1885 (un ancien canon de marine), elle aborait probablement une belle livrée colorée.

Interessant dispositif de camouflage de fortune mêlant toile et branchages [s. l., 1940]


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